mardi 28 janvier 2014

Le mercenariat, un mal centrafricain

Il est connu de tous, et ce n’est malheureusement pas un sujet de jouissance, que la Centrafrique est réputée être un pays de coup d’Etat. Opération Barracchuda, coup d’Etat de la Saint Sylvestre, Sursaut patriotique,… Peu importe comment vous les appeler, ce sont des coups d’Etat.  Chacun de ces putschs traine avec lui son lot de victimes innocentes et des martyrs. La Centrafrique est aussi connu pour être un pays de mutineries dont les plus récentes datent du règne du feu président Ange-Félix PATASSE. Ces mutineries ont, elles aussi, leur cortège de victimes et d’opprimés. Des ethnies se sont parfois révoltées contre d’autres, certains ont pris le chemin de l’exil et d’autres ont subi à tort des injustices mais les centrafricains ont toujours fini par vivre ensemble…

Il n’y a pas de bêtise plus grotesque que de préférer un coup d’Etat à un autre ou une mutinerie à un coup d’Etat et moins encore à une élection démocratique. Or, l’histoire nous rappelle que nonobstant les multiples putschs et mutineries qu’a connues ce pays, jamais la cohésion sociale n’a été atteinte telle que nous le voyons depuis cette dernière décennie. En cause, l’appel aux troupes étrangères et particulièrement aux mercenaires. Tout le monde sait ce que les Banyamulenges ont fait en RCA avec la procédure qui suit son cours devant la CPI. Les Zakawa qui ont porté au pouvoir l’ancien président BOZIZE ne se sont pas comportés en enfants de chœur face à la population centrafricaine. Quant aux mercenaires de la Séléka, les faits sont encore là. On a sacrifié ce pays dès lors où on l’a livré aux mercenaires qui sont rien d’autre que « des soldats professionnels qui servent un gouvernement ou une cause uniquement  pour de l’argent ».  Normal que les pillages et exactions sont hallucinants quand bien même ces mercenaires n’avaient plus de belligérants en face mais qu’est ce qu’un mercenaire si ce n’est un voleur ?


Les conflits existent partout dans le monde : dans les couples, dans la famille, au lieu du travail… Mais c’est la façon de régler ces conflits qui est capitale et l’expérience nous a démontré en RCA que la violence est le plus mauvais moyen pour résoudre nos conflits. Et ce n’est pas pour rien que la sagesse africaine nous a toujours mis en garde que : « Le linge sale se lave en famille ». Si à la violence nous associons des mercenaires pour gérer nos conflits, comment s’étonner que nous mettions du feu partout. A ce propos, Machiavel disait : « Les auxiliaires et les mercenaires sont inutiles et dangereuses. Tout Etat qui ne s’appuiera que sur des armées de cette nature ne sera jamais en sûreté, parce qu’elles sont toujours en division entre elles, sans discipline, ne cherchant que leur intérêt, infidèles, brutales envers les amis, lâches envers les ennemis, sans crainte de Dieu, sans foi vis-à-vis des hommes… Dans la paix vous êtes pillé par ces gens-là, et dans la guerre ils vous laissent piller par les ennemis… Si vous êtes battu avec elles, vous êtes perdu ; et si vous remportez la victoire, vous demeurez leur prisonnier ». Il est donc grand temps que les politiciens centrafricains rompent avec le mercenariat car c’est un crime très grave que de satisfaire ses désirs égoïstes en sacrifiant tout un peuple sur un plateau. Vive l’armée républicaine !  

lundi 27 janvier 2014

Ne nous trompons pas de combat !

Il est malheureux que beaucoup de compatriotes se laissent duper par ceux qui ont voulu faire de la crise centrafricaine un conflit interreligieux et nous le dénoncerons avec toute la force de nos poumons autant qu’il le faudra. S’en prendre à des civils en les lynchant ou en les découpant à coup de machette pour la simple raison qu’ils sont musulmans est inacceptable. Il est abominable et ahurissant à la fois de voir un homme pousser la haine jusqu’à « manger la chair humaine » soi-disant par vengeance. De grâce, arrêtons tout cela avant d’être tous des malades mentaux dans ce pays! Les Anti-balakas ont l’obligation de mettre de l’ordre dans leur camp et de s’attaquer à tout prototype de groupes qui usurpent leur nom pour s’en prendre aux innocents et à leurs biens car « éléments incontrôlés » est une expression qu’on n’a plus besoin d’entendre pour la simple raison que ce n’est pas une excuse et qu’elle nous rappelle beaucoup l’ère Djotodia.


 Le choix d’une conviction religieuse est une liberté fondamentale de tout individu et aucune religion ne vaut plus qu’une autre. Tout comme la barbarie effrénée de la Séléka contre des civiles majoritairement chrétiens a été dévastatrice, la vengeance aveugle des Anti-balakas est contre-productive. Personne ne peut nier les innombrables exactions qui ont été commises par la Séléka et Dieu seul sait quand se cicatriseront des plaies aussi béantes et abyssales étant donner qu’il n’y a pas de psychologues ni de psychiatres ni de travailleurs sociaux pour accompagner les nombreuses victimes abandonnées à elles-mêmes et à la merci des névroses post-traumatiques, dépressions et autres… Toutefois, Faire payer aux civiles musulmans l’addition des exactions commises par la Séléka sur des chrétiens est synonyme de devenir assassins tout comme eux. Et le drame est que cela ne soulagera pas mais au contraire aggravera la situation car la violence n’engendre que la violence et se faisant, nous nous trompons de combat car la véritable bataille est ailleurs.


Le véritable combat est de s’attaquer aux maux qui ont miné ce pays depuis des décennies et qui nous ont conduits à cette situation. Le véritable combat est celui de renouer avec nos valeurs républicaines et patriotiques dont la négligence nous a rendus vulnérables aux meutes de mercenaires venus de tous les coins et recoins de la sous région. Le véritable combat c’est de s’attaquer à la question du sous-développement, de la mauvaise gouvernance,  de la corruption, du népotisme et de l’impunité qui sont des ingrédients à l’origine du chaos de notre pays. Le véritable combat, c’est d’identifier sa propre part de responsabilité dans l’installation progressive de ce chaos et de se donner les moyens pour ne plus répéter les mêmes erreurs…



Nous avons crié à la communauté internationale et elle a réagi, quoique timidement et tardivement. Il est à nous maintenant d’assurer aussi notre part du contrat. C’est à nous de prouver au monde que nous sommes différents des mercenaires et assassins de la Séléka parce que nous sommes effectivement différents car nous sommes un peuple qui a toujours crié haut et fort que « ZO KWE ZO » (Tout Homme est Homme). Tuer par vengeance ne résout aucun problème et n’efface pas la réalité. Pendant la guerre mondiale il y a des français qui ont protégé des juifs, à Rwanda il y’avait des Hutu qui protégeaient des Tutsi. Les chrétiens et les musulmans doivent défier ceux qui les poussent à s’affronter en protégeant chacune des communautés là où elle est vulnérable comme on l’a vu à la paroisse de Boali et dans certains quartiers à prédominance musulmane. C’est à ce prix que nous retrouverons la vraie paix et débusquerons les vrais fauteurs de troubles pour les traduire devant les tribunaux afin de rendre justice aux victimes de chaque côté. Je suis convaincu que c’est ce que MANDELA aurait souhaité en décidant de quitter le monde à une date qui revêt un caractère spécial pour chacun d’entre nous (le 05 décembre 2013 : journées la plus meurtrière en Centrafrique) afin que nous puissions prendre le relais. Alors, chers compatriotes, rendons à ce digne fils de l’Afrique l’hommage qu’il mérite !

mercredi 22 janvier 2014

Quelques écueils au retour des déplacés de Bangui à la maison

Dans sa conférence de presse, la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba-Panza affirme étudier avec les partenaires humanitaires et les forces internationales déployées dans le pays les possibilités d’organisation d’un retour à la maison des quelques 450 000 déplacés repartis dans les différents camps de Bangui. C’est pour nous l’occasion d’analyser les contours de cette action qui est une des nombreuses priorités actuelles du pays car sans le retour immédiat à la maison de ces déplacés, la vie ne peut reprendre son rythme normal à Bangui. Il s’agit donc d’une condition sine qua non à la reprise des activités administratives, scolaires, commerciales et autres. Mais ce n’est pas une tâche facile pour plusieurs raisons.

Bangui demeure une ville où règne l'insécurité

Il faut admettre qu’en dépit des actions menées par la MISCA et la force française Sangaris, l’insécurité demeure importante dans la ville de Bangui où une personne sur deux est déplacée quoique les coups de feu sont maintenant rares et le niveau de la violence abaissé. La plupart de ces déplacés ont peur de se faire enlever une fois à la maison car le désarmement tant annoncé est encore très superficiel et  beaucoup de centrafricains pensent que des armes sont toujours cachées à l’intérieur des maisons. Par ailleurs, le souvenir de ceux qui, il y a quelques semaines, ne revenaient plus quand ils allaient jeter un coup d’œil à la maison continu de hanter les déplacés. En plus les lynchages ne tarissent pas dans la capitale centrafricaine confirmant que nul n’est à l’abri. Même s’il arrive que quelques déplacés se rendent à la maison dans la journée, ils rentrent précipitamment avant 16 heures dans leurs LEDGER respectifs (nom que les banguissois donnent aux camps des déplacés par analogie à l’hôtel quatre étoiles de la capitale où trouvent refuge les grandes personnalités tant étrangères que nationales) car comme on le dit ici « La nuit n’a pas d’yeux ».

Beaucoup de déplacer ont tout perdu

Quitter les camps de déplacés est synonyme de retour à la maison. Justement, les maisons, plusieurs centrafricains n’en ont plus. Elles étaient pillées, saccagées ou simplement brûlées par des grenades. Les camps demeurent pour beaucoup un dernier rempart. Certes payer les quatre mois d’arriérés de salaires soulagera quelques uns mais ne résoudra pas le problème de fond car il faut savoir que les salariés sont comptés des bouts de doigt et que la majeur partie des centrafricains ont toujours vécu au jour le jour à travers le secteur informel qui a malheureusement subi un grand dommage avec ces récents événements.

Certains déplacés commencent à s’accoutumer aux camps

Il est irréfutable que la majeur partie des déplacés se trouvent dans ces camps contre leur volonté et n’ont qu’une seule envie : rentrer chez eux ! Seulement une bonne partie des occupants de ces camps étaient des désœuvrés qui vivotaient déjà bien avant les récents événements peut-être aussi à cause de leur paresse mais surtout à cause de la conjoncture calamiteuse du pays depuis un bon moment. Pour ceux là, la précaire situation dans les camps de déplacés est préférable à leur vie d’antan.

Les atouts de la Présidente pour une première action à ne pas rater

Il apparaît clairement que pour convaincre les déplacés à rentrer vite chez eux, mama Cathy en plus de pêcher l’apaisement et le pardon devra employer une stratégie multiforme qui prendra en compte : Le retour véritable et la garantie de la sécurité dans tous les coins et recoins de Bangui,  le processus d’indemnisation des victimes, l’accompagnement moral, physique et humanitaire des déplacés chez eux et la mise en place des  possibilités de création de petites activités génératrices de revenus… Quoiqu’offrir tout cela semble impossible en un temps si court, Madame Samba-Panza dispose néanmoins de nombreux atouts pour persuader les centrafricains qui semblent accueillir son élection les bras ouverts. Pour ce faire, elle doit utiliser sa carte de véritable maman qui est attentive à tous les problèmes de ces enfants même les plus cachés quoiqu’elle ne dispose pas de moyens immédiats pour leur donner satisfaction totale. Il est des situations comme celle-ci où le fait de se sentir compris apaise énormément… 

mardi 21 janvier 2014

La grandeur du peuple centrafricain.

Le suspens n’aura duré que quelques jours même si pour le peuple centrafricain une seconde dure plus qu’un siècle en ce moment si difficile de son histoire. L’élection de Catherine Samba-Panza à la tête de la RCA pour la poursuite de la transition politique aura été riche d’images dont deux majeures :

La première femme présidente en Centrafrique et la troisième en Afrique

 C’est à une femme que  les conseillers nationaux de la transition viennent de confier les clés du palais de la Renaissance. C’est une première pour ce pays qui depuis plus de cinquante ans a vu défiler plusieurs hommes à la magistrature suprême et qui n’a pas l’habitude de voir  les femmes se hisser à un haut poste de responsabilité. Certes, les femmes se sont toujours battues dans ce pays  même si  Elisabeth Domitien et Ruth Rolland respectivement Premier ministre sous le règne du feu empereur Jean Bédel BOKASSA et Candidate malheureuse aux élections présidentielles de 1993 remportées par Ange-Félix PATASSE sont restées les deux à inscrire leurs noms à un échelon  élevé du pouvoir du moins jusqu’à hier. Mais Mama Cathy, comme on l’appelle désormais vient par cette élection d’inscrire le nom de la femme aux plus  hautes fonctions de l’Etat plaçant ainsi la RCA au troisième rang après le Liberia et le Malawi dans la liste des chefs d’Etat féminins en Afrique : Hellen Johnson Sirleaf à l’Ouest, Joyce Banda au Sud et Catherine Samba-Panza au Centre. Même si c’est à travers une transition que les deux dernières sont parvenues au pouvoir, cela ne diminue en rien leur fauteuil de président.


Une centrafricaine comme les autres

La nouvelle présidente centrafricaine est née au Tchad (Forlamy)  de père camerounais et de mère centrafricaine, réalité qu’elle a revendiquée lors de la présentation de sa profession de foi avant les élections. Cette vérité n’a pourtant pas empêché les conseillers du CNT à l’élire confortablement (75 voix contre les 53 de son Challenger). Preuve que le centrafricain, en dépit de tout ce qu’on peut raconter, n’est pas intrinsèquement xénophobe comme beaucoup le croyaient lors du rapatriement massif des citoyens étrangers. De Nicolas Sarkozy à Joseph Kabila en passant par Alassane Ouattara, tout le monde sait ce qu’on peut raconter sur un Chef de l’Etat au moindre soupçon d’une origine étrangère même si elle n’est pas avérée. A ce sujet, l’on peut fournir beaucoup de raison sur le cas de la RCA mais je pense que la vraie réponse se trouve dans les valeurs de ce pays si ouvert, hospitalier et régionaliste dès sa fondation par Barthélémy BOGANDA qui disait « ZO KWE ZO », traduit par « TOUT HOMME EST HOMME » par Jean Baptiste Placca qui constate qu’on ne peut trouver mieux d’abréger des droits de l’Homme. Il suffit de voir le drapeau centrafricain et sa signification pour tout comprendre. Selon BOGANDA le panafricaniste : le bleu représente le Congo et son océan, le blanc pour le Tchad et son coton, le vert pour le Gabon et ses forêts, le jaune pour l’ancien Oubangui-Chari et ses richesses minières, le rouge pour le sang [de l’esclavage] versé unissant tous ces peuples marchant vers l’étoile de l’émancipation.

Si le centrafricain lambda se demande encore dans les rues comment sera appelé le mari de la présidente et le rôle qu’il jouera pour les plus curieux, Mama Cathy est perçue et acceptée de tous comme un digne fils de son pays. Alors accompagnons les centrafricains à renouer avec leurs nobles valeurs où on a failli les en séparer ces derniers temps. Vive la Centrafrique !

Centrafrique : Catherine Samba-Panza à la présidence

Il était 14 h 55, heure de Bangui,  lorsque la présidente par intérim du Conseil national de Transition a pris la parole pour proclamer les résultats définitifs du scrutin à la présidence de la Transition. Pas moins de  8 candidats étaient en lice  pour succéder à l’ancien président Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier 2014 à Ndjamena par ses pairs de la CEEAC (Communauté des Etats de l’Afrique centrale) après 10 mois de violence dans le pays. Faut-il voir dans la désignation de Catherine Samba-Panza à la présidence un symbole de la rupture et du changement ?
Catherine Samba-Panza, la Présidente de la Transition en Centrafrique

L’atmosphère était dense en cette matinée du lundi 20 janvier. L’attente demeurait interminable pour de nombreux Centrafricains qui espèrent une rupture avec les régimes précédents qui n’ont apporté que des déceptions. Ce lundi, est un jour nouveau pour la Centrafrique et pour tous les Centrafricains du monde qui ont utilisé différents moyens (radio, réseaux sociaux…) pour vivre en direct ce changement. L’hémicycle de la Transition, ancienne Assemblée nationale était bondé. En plus des huit candidats et des 135 conseillers qui officient dans ce Parlement provisoire se pressaient de nombreuses personnalités dont des diplomates, des responsables de partis politiques et de la société civile  Il était quasiment 13 heures lorsque le coup d’envoi des élections a été donné par Lea Koyassoum Doumta, présidente intérimaire du CNT  (Conseil national de Transition).

 A l’issue du premier tour, aucun des candidats n’a obtenu la majorité absolue (65 voix) : Catherine Panza-Samba (64 voix) et Désiré Kolingba Zanga (48 voix) doivent s’affronter une seconde fois. Et c’est Catherine Panza Samba qui s’est imposée avec 75 voix, son adversaire n’ayant obtenu que 53 voix sur les 128 voix exprimées. Catherine Panza Samba est la première femme en Centrafrique avoir accédé à cette haute fonction politique, mais aussi en Afrique centrale après sa compatriote Elisabeth Domitien. Cette dernière décédée en 2005 avait été nommée premier ministre de la République centrafricaine sous la présidence de Jean-Bedel Bokassa en juin 1974. Une véritable révolution dans la politique centrafricaine.

Qui est Catherine Panza-Samba ?
Pour Jeune Afrique, « De père camerounais et de mère centrafricaine (Sud-Est), Catherine Samba Panza est née à Ndjamena, au Tchad, le 26 juin 1956. Elle grandit à Bangui avant d’entamer des études de droit en France. Elle obtient plusieurs diplômes à Paris : une licence en sciences de l’information et de la communication et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en droit des assurances obtenus à l’université de Paris II ».
 Avocate et femme d’affaires, elle mariée et mère de trois enfants. Mais à quelques jours seulement du scrutin, des voix se sont élevées pour dénoncer les racines de cette femme dont le parcours est exemplaire. Certains Centrafricains comme pour chercher des poux sur une tête rasée ont commencé à dénoncer ses origines camerounaises de par son père. Une question nouvelle présidente par intérimaire a évoqué lors de sa confession de foi devant les parlementaires lesquels sont tombés sous les charmes de ses mots et surtout de sa franchise. Jusque-là maire de Bangui, elle a œuvré dans plusieurs associations parmi lesquelles l’Association des femmes juristes de Centrafrique (AFJC).

 Le travail exemplaire et patriote des conseillers mérite d’être salué
Si la plupart des compatriotes ont applaudi ce choix, synonyme de rupture et d’espoir, c’est aux 128 Conseillers que revient le mérite. Ils ont fait preuve d’un professionnalisme aigu et surtout d’un sens élevé de patriotisme en portant leur choix sur, non seulement une femme pour la première fois dans l’histoire de la RCA, mais surtout une personne neutre ayant le sens élevé de la responsabilité. La nouvelle élue  fait l’unanimité aussi bien parmi la population que dans la classe politique.

 Un premier discours rassembleur et un appel à l’apaisement
Lors de son premier discours, la nouvelle présidente intérimaire a lancé un appel à l’apaisement à l’endroit de toutes les milices Seleka et anti-balaka, qu’elle appelle d’ailleurs « ses enfants ».  Elle a fini en ces termes son allocution : « Je veux en tant que mère, apaiser les esprits, rassembler les cœurs divisés et soulager les enfants de Centrafrique, je vous remercie »!

Mais son appel sera-t-il écouté ? Va- t- elle s’entourer d’hommes et de femmes capables de relever le défi qui est le sien notamment la restauration de la sécurité sur tout le territoire, la réorganisation de l’armée après les opérations de désarmement, la relance de l’économie, … surtout après avoir hérité d’un pays en état de décomposition avancée notamment avec les caisses de l’Etat vides, une situation humanitaire catastrophique, une absence de l’Etat sur tout le territoire. L’avenir nous permettra d’en savoir davantage, surtout qu’elle est élue pour un mandat d’une année et qu’on ne juge un maçon qu’au pied du mur.

Wait and see

samedi 18 janvier 2014

La jeunesse, grande perdante du chaos centrafricain!

Représentant plus de soixante pour cent de la population centrafricaine, la jeunesse est de loin le grand perdant des crises qui frappent à plein fouet la République centrafricaine (RCA) et ce à tous les niveaux. S’il est clair, net et limpide que la jeunesse est la première couche de la population instrumentalisée, manipulée pour être au premier plan des fronts égoïstes ouverts par des politiciens et opportunistes, il est indéniable que cette jeunesse soit simplement oubliée lorsque viennent les rares bons moments.

Des enfants sacrifiés à multiples reprises!
L’enlèvement des jeunes et enfants par l’Armée de Résistance du seigneur (LRA) dans le Nord-est du pays est connu de tous. Il en est de même pour la rareté des infrastructures scolaires dans cette partie de la RCA favorisant ainsi l’entrée de plusieurs jeunes désœuvrés dans les multiples rebellions qu’a connu le pays. L’UNICEF compte à ce jour 2,3 millions d’enfants affectés par la crise selon Souleymane Diabaté, représentant du Programme des Nations Unis pour l’Enfance en République centrafricaine qui a affirmé que : « Nous sommes témoins d’un niveau de violence sans précédents contre les enfants » avant de souligner qu’environ 3 600 enfants seraient actuellement enrôlés dans les groupes armés. Les drames que subissent les enfants en Centrafrique sont légion : Déplacement à l’intérieur et à l’extérieur du territoire, perte des parents, recrutement forcé, malnutrition, violences sexuelles, déscolarisation,… Plusieurs enfants ont donc perdu leur innocence qui leur a été volée et nombreux sont ceux qui sont condamnés à vivre comme des adultes alors qu’ils ont encore besoin de parents.

Un système éducatif en panne depuis fort longtemps
Il n’ya qu’en RCA qu’on n’a vraiment pas honte de jouer avec la vérité. Depuis fort longtemps les élèves et étudiants en Centrafrique sont victimes d’une parodie d’école. Ce qui a poussé même l’épiscopat centrafricain à dire ouvertement que : « Nous nous acheminons vers une deuxième année blanche ». Si dans une grande partie du pays les structures scolaires sont quasi-inexistantes, les gouvernements qui se sont succédé à la tête de ce pays sont eux, très doués pour modifier les calendriers académiques. A l’université, réputée pour ses élastiques et interminables années académiques qui peuvent débuter à n’importe quelle période de l’année, ont célèbre la rentrée académique alors qu’une bonne partie des facultés n’ont pas encore achevé l’année en cours. Dans les établissements scolaires, l’année scolaire divisée normalement en trimestre peut se résumer en semestre en un clin d’œil même si ce semestre ne peut durer que deux mois. En cause, les grèves à répétition des enseignants qui ne perçoivent que pas saccade leurs dus et les crises militaro-politiques qui imposent à tout le monde une vacance à ne pas refuser. Depuis les événements du 24 mars dernier, le ministère de l’éducation nationale dans ses tentatives désespérées de sauver l’année scolaire a divisé le pays en deux zones pédagogiques, il s’agit des fameuses zop1 et zop2. Reste à savoir la stratégie désespérée qui sera trouvée pour éviter de parler d’année blanche et de faire comme si tout allait bien, comme toujours.
Un marché de l’emploi inexistant 
Bien avant cette crise, trouver un emploi en Centrafrique a toujours été une véritable mer à boire. D’abord pour trouver un lieu de stage, il faut être né avec une étoile sur le front. Nombreux sont les étudiants en position de stage, qu’ils soient formés à l’extérieur ou à l’intérieur, qui vont diront le nombre de demande de stage qu’ils ont adressées et qui malheureusement demeurent sans suite. La pluie de pillages qui s’est abattue sur le pays et particulièrement dans la capitale Bangui avec l’avènement de la Séléka a annihilé les quelques possibilités de stages et d’emplois qui existaient dans les rares sociétés de la place et voilà la grande partie des jeunes qui croyaient enfin pouvoir sortir la tête de l’eau, réduits au chômage technique. Ceux qui faisaient leur preuve dans l'entrepreneuriat ne sont pas épargnés non plus.

Une nécessaire réflexion s’impose.

L’heure est plus que jamais à la réflexion et à l’autocritique pour la jeunesse centrafricaine. Dans ce même pays il y’a eu des jeunes qui, mains nues ont chassé l’un des plus grands dictateurs d’Afrique et pour beaucoup au prix de leur vie. Comment accepter de vivre dans une situation où l’inquiétude est sans borne et le lendemain incertain ? Une vie où il n’y a pas de place pour des résolutions, projets et perspectives ? Tout cela doit s’arrêter et s’arrêtera si la jeunesse centrafricaine le veut vraiment. Ce sera alors dire non à la manipulation, à la corruption de l’innocence, à la haine, à la facilité et à la naïveté. Ainsi elle pourra enfin peser de tout son poids sur la vie de cette nation et obliger nos politicards à mettre le peuple avant tout car rien ne peut contre une jeunesse unie et déterminée qui constitue la bonne partie de l’électorat centrafricain. Alors réveillons-nous chers jeunes et au travail !

jeudi 16 janvier 2014

Après Djotodia, la Haine est le principal ennemi du peuple centrafricain !

Nous ne le dirons jamais assez ! L’un des grands protagonistes de la crise centrafricaine actuelle est la HAINE. Une alerte que nous avions donné dans un de nos précédents articles intitulé : « Ne cédons pas à la haine !». Aujourd’hui, plusieurs responsables internationaux  viennent de se rendre compte de l’enracinement de la haine dans le cœur des centrafricains qui devient inaccessible aux multiples appels à la paix et au pardon. C’est le cas de l'ambassadeur français aux Nations unies Gérard Araud qui a affirmé hier : "En Centrafrique, je pense que nous avons peut-être sous-estimé la haine et le ressentiment entre communautés". Si des communautés ont été marginalisé pendant des années, si des communautés ont été pillées, violées, massacrées impunément, à quoi de bon nous nous attendions ? Tuer un père de famille devant ses enfants, violer des femmes et des filles devant leur mari et garçons, incendier les greniers des gens pour les livrer à un lendemain incertain, à quoi de bon nous nous attendions ? Le drame est qu’il n’y avait personne pour écouter ces gens, pour les comprendre et les accompagner à dépasser cette situation, pas de psychologues ni de psychiatres mis à part les rares centres d’écoute mis au point par les communautés religieuses mais très peu fréquentés à cause de l’insécurité totale entre autres. Or, nous avons vu dans certains pays qui ont accueilli leurs ressortissants, en l’occurrence le Sénégal, des psychologues et des travailleurs sociaux attendre les gens à l’aéroport pour les aider à surmonter le choc qu’ils ont subit…
Autant que nous le pouvons et avec toute la force de nos poumons nous ne cesserons de condamner avec toute la fermeté du monde les exactions qui ont été commises et qui continuent malheureusement de martyriser le peuple centrafricain car nul n’a le droit de porter atteinte à un être humain quelque soit sa motivation. Toutefois, ne nous est-il jamais venu à l’esprit de se demander si les fauteurs de troubles ne sont eux-mêmes pas aussi des victimes, du moins sur le plan mental ? Même si cela n’est pas une excuse pour les abominations commises mais il pourrait aider à comprendre ce qui se passe afin de rechercher d’éventuelles issues à cette crise.

Il est indéniable que le centrafricain n’a jamais rien de barbare jusqu’à cette crise. On se souvient encore du poignant témoignage de l’octogénaire malienne qui en rentrant chez elle a confirmé cette réalité centrafricaine d’antan. Il est donc clair, net et limpide que les sempiternelles exactions perpétrées de tout côté ont poussé nombre de centrafricains à développer de nouveaux comportements  malheureusement néfastes ; c’est ce qui arrive lorsqu’une population est condamnée ou se croit condamner à l’auto-défense. Comment à t-on pu n’y avoir pensé plus tôt ?

vendredi 10 janvier 2014

Centrafrique : Djotodia a démissionné, la population en liesse et après ?


La décision de N’Djamena est tombée en milieu de la journée de ce vendredi 10 janvier 2014 à l’issue de la deuxième journée du sommet extraordinaire des Chefs d’Etats et des gouvernements et des représentants des pays de la CEEAC dont se sont ajoutés, des conseillers nationaux du Conseil National de Transition de Centrafrique déportés dans la capitale Tchadienne dans la nuit du jeudi à vendredi pour entériner la démission de celui qu’on appelle désormais ex-président, Michel Djotodia. Quoique circulant depuis plusieurs jours, la démission du président de la Transition a surpris certains Centrafricains qui redoutaient le pire scenario, c’est-à-dire un compromis de la CEEAC afin de laisser le chef de l’exécutif centrafricain finir la transition. Finalement le peuple centrafricain a eu ce qu’il voulait. Mais si Michel Djotodia a sa horde de mercenaires et se sbires à la gâchette facile ont plongé la RCA dans un chaos indéniable, seul leur départ pourrait faire disparaitre tous les problèmes centrafricains ?

Population de Bangui en chant et en joie
Dans les rues de Bangui, la population a manifesté sa joie de se débarrasser d’un président qui entrera dans l’histoire du peuple centrafricain à cause de multiples de dégâts qu’il a occasionné notamment humains, matériels et financiers. Certaines routes et avenues ont été envahies par une foule interminable de personnes exprimant l’exaltation au paroxysme qui traverse tout le pays. C’est Ferdinand Nguendet qui selon, l’article 23 de la Charte Constitutionnelle assurera la présidence en entendant l’organisation par le Conseil National de Transition qu’il dirige d’une élection pour le nouveau président de la transition dans les 15 jours suivant la démission du président sortant. Hommes, femmes, enfants et vieillards ne pensaient pas avoir vécu ce moment de gloire, un moment où au lieu de ressentir la joie, l’émotion est à son comble et la tristesse sont au rendez-vous. Cette joie subite cache le malaise de chaque famille endeuillée à cause des derniers événements. Mais il fallait exprimer sa joie, la joie de pouvoir rester en vie pour vivre en direct cette décision historique des chefs d’Etat de la CEEAC, des Conseillers du CNT mais surtout du peuple centrafricain qui a exprimé son ralle-bol dz la situation exacerbée par des exactions commises par les éléments de Seleka sur la population civile. Mais si les habitants de Bangui et environs sont sorties de leur cachette pour montrer aux yeux de la communauté internationale que pousser Djotodia à la démission est une action salutaire, le peuple centrafricain reste l’unique gagnant de ce match farouche qui a opposé pendant longtemps la Seleka aux Anti-balakas avec comme cible principale la population civile et dont la première partie vient juste de sonner avec le départ des deux têtes de l’exécutif. Il ne s’agit pas de la victoire des chrétiens qui ont longtemps subies les exactions de la Seleka majoritairement musulmans (car ces derniers ont aussi subi de plein fouet la crise) ni de François Bozize qui a longtemps demandé la démission de son successeur Michel Djotodia et le retour à l’ordre constitutionnel mais une victoire de tous ceux (chrétiens, musulmans et animistes) qui sont épris paix et qui n’aspirent qu’à vivre dans la quiétude et la dignité humaine.

 Risque d’embrasement de la situation
Cependant, si la nouvelle du départ du président et du premier ministre de transition a suscité beaucoup d’enthousiasme chez Centrafrique, elle peut occasionner aussi un embrasement de la situation sécuritaire déjà très volatile. Comme exemple, le puissant dispositif des forces africaines de la Misca et des éléments de l’opération Sangaris n’a pas permis de dissuader les deux antagonistes qui se sont livrés à leur exercice favori : faire des tires sporadiques. C’est ainsi que des détonations à l’arme lourde et légère ont été entendues dans certains quartier de Bangui en fin d’après-midi. On craint également des scènes de pillages et de vengeances de la population chrétienne sur les musulmans mais aussi des représailles des éléments nostalgiques de la Seleka.  On craint aussi que les antibalakas qui ont attaqué ce jour les bases de la Seleka à Bouar et à Bangui puissent profiter de la situation pour semer le chaos. Les forces africaines et françaises ont un grand défi à relever afin d’éviter l’enlisement de la situation.

 L’après-Djotodia doit se passe comment ?
Pour la plupart des Centrafricains Djotodia est celui-là qui a amené le mal sur le sol centrafricain, la Seleka. Ce qui n’est d’ailleurs pas faux. Ce constat est partagé par la plupart des Centrafricains qui croient que la Seleka est venu mettre en cause la paisible cohabitation des deux communautés (chrétienne et musulmane). Mais dire que tous nos problèmes émanant des étrangers n’est que se voiler la face. L’événement de la Seleka aurait au moins permis de dénicher un mal profond qui languissait chez les centrafricains, celui de se mépriser réciproquement. Comme l’a dit une grande-sœur, la Seleka n’a fait que ressortir en surface le comportement belliqueux et antipatriotique de certains compatriotes qui sont mêmes souvent des traîtres de leurs familles.  Ce qui veut dire que dans chaque famille, d’une manière ou d’une autre, nous avons au moins un Seleka qui germait et qui a été accouché. La Seleka aura montré à tous les Centrafricains qu’il faut mettre en cause notre manière de vivre, de penser, de nous aimer, de regarder les choses, de construire notre pays, de rendre la justice, …

 Djotodia est parti oui, mais les problèmes centrafricains ne vont pas disparaitre
Nous avons une opportunité de nous ressaisir et de nous dire que nous sommes nés comme des frères et sœurs et que nous sommes condamnés à vivre ensemble en parfaite harmonie pour le bien de nos communautés. Nous devons apprendre à nous remettre en cause, chose qui n’est pas pratiquée en Centrafrique. Tout le monde doit se remettre en cause, que ce soit les hommes, femmes, jeunes, hommes politiques, autorités religieuses, membres de la société civile, nous devons tous comprendre que nous avons une dernière chance à saisir si nous voulons renverser la tendance. Mais de tout cela, l’illusion que nous avons, c’est de se dire que la démission de Michel Djotodia et du chef du gouvernement de Transition est la solution au problème centrafricain, détrompons-nous. Elle est certes une des solutions à nos problèmes mais nos problèmes sont légions et la solution la plus difficile à appliquer est de se remettre en cause et de prendre conscience de la situation inimaginable que nous venons de traverser. Certes le chemin reste long et rempli d’embuches mais avec la volonté nous pourrions arriver à faire changer les choses. C’est à ce moment-là que nous pourrions être à mesure de prendre notre destin en main, et la destinée de notre pays avec lui pour une Centrafrique unie et prospère.

Chers compatriotes, faisons du soulagement de cette démission une orée de paix durable!

"Le pardon n'est pas un signe de faiblesse mais une démonstration de force de celui qui a le courage de marcher sur ses propres blessures pour renouer le dialogue avec l'autre" disait un sage. Je crois qu'il est temps pour chaque centrafricain de faire un effort de dominer la haine pour instaurer une vraie paix après cette grande expiration. Ce n'est pas facile certes (étant donner que beaucoup de blessures sont encore béantes et suintantes), mais ce n'est pas impossible n'ont plus. Alors, prouvons au monde que nous sommes plus forts, plus grands, plus humains que ce à quoi on nous assimilait... Je vous fais confiance chers compatriotes! Vive la Centrafrique, vive la paix!

lundi 6 janvier 2014

Blog de Cédric et Baba pour la paix durable en RCA

Ils s'appellent Cédric Ouanekponé et Baba Mahamat, des amis de longue date(dix ans) devenus des frères au fil du temps, des leaders d’associations dont le Club RFI Bangui FONONON et FEED(Femme Enfant Environnement pour le Développement) . Pour contribuer au retour de la paix, ils éditent des articles sur le blog créé intitulé "Sauvons la Centrafrique du chaos". On retrouve dans ce blog des contributions, des analyses, des idées pour ramener la paix durable en Centrafrique.

Vous pouvez vous joindre à nous en contribuant ou en partageant le contenu de ce blog en cliquant sur ce lien:
http://cedricite.blogspot.com/

dimanche 5 janvier 2014

Une crise qui fait couler de l’encre sans crever l’abcès.

Il faut reconnaître que depuis le regain des violences à Bangui le 05 décembre concomitant au vote de la résolution 2127 du conseil de sécurité de l’ONU et le déploiement des soldats de l’opération Sangaris, il y a eu une augmentation du nombre des journalistes, reporters et envoyés spéciaux sur le sol centrafricain.  Ce qui est une bonne chose en soit puisqu’enfin ce pays souvent « oublié du monde » comme disait le Pape François à Noël lors de sa bénédiction urbi et orbi va être à la lumière avec ses interminables tragédies et luttes intestines dont sont victimes de milliers d’innocents. Pourtant, il semble se poser un réel problème : la plupart de ces observateurs ne semblent pas bien connaitre  vraiment eux-aussi ce pays dans sa singularité tout comme la communauté internationale.


La première erreur a été celle de sous-estimer les forces en présence en Centrafrique et leurs terribles capacités de nuisance. En effet, la communauté internationale qui a qualifié la situation en Centrafrique de « Pré-génocidaire » a malheureusement considéré les protagonistes sur terrain comme étant des « groupes de voyous » qui s’effaceront dès l’arrivée des forces étrangères. Hélas, l’effet dissuasif tant attendu n’a pas été obtenu. Pire, ces « groupes de voyous » qui ne connaissent pas de règles loyales inculquées aux militaires ont beaucoup à gagner puisqu’ils peuvent utiliser tous les stratagèmes mesquins mais pourtant efficaces (se confondre avec les populations, pousser les gens à vociférer…) à leur avantage. En plus, désarmer un Séléka qui a peut-être plusieurs cachettes d’armes ou qui peut utiliser un couteau ne sert à rien tout comme désarmer un anti-balaka qui peut utiliser une machette à la place de son kalachnikov.


La deuxième erreur a été d’assimiler Sangaris à Serval. Certes il y a quelques similitudes à l’instar de la nécessité d’intervenir pour faire face à l’effondrement d’une nation en voie de tomber dans les mains des criminels (djihadistes au Mali et mercenaires en Centrafrique) mais les différences sont aussi légion comme l’identification d’un ennemi précis au Mali alors qu’en RCA tout est confus…


La troisième erreur c’est d’oublier l’un des protagonistes, le plus important d’ailleurs : la haine ! En effet, la longue marginalisation des uns et les sempiternelles exactions des autres ont créé, alimenté et exacerbé la haine dans le cœur de bon nombre de centrafricains qui finissent par croupir dans la violence. Si, on n’inclut pas le désarmement de la haine dans les stratégies de la sortie de crise, on sera toujours à la case de départ.


La quatrième erreur est l’emploi à tort de l’expression « conflit interreligieux ». En effet, beaucoup aimeraient qu’il en soit ainsi ou qu’il en ait l’air pour qu’ils atteignent leurs objectifs lugubres. Pourtant lorsqu’on est attentif, on perçoit tout de suite les anti-balaka avec des amulettes tout comme les Sélékas pourtant ni la Bible ni le Coran l’enseignent. Faille t-il vraiment parler de chrétiens et musulmans ?



Enfin, une dernière erreur est celle de penser que la solution de la crise est militaire alors qu’elle est politique. A vous de développer !

vendredi 3 janvier 2014

« Incontrôlés », c’est le mot de l’année en Centrafrique

Comment ? Me diriez-vous ! Il suffit simplement de considérer cet adjectif comme étant l’épithète du nom « éléments » pour tout comprendre. En effet, selon les acteurs politiques en Centrafrique, de quelque bord soient-ils, le chaos dans le pays est l’œuvre d’ « éléments incontrôlés » lorsqu’on les interpelle sur la responsabilité de leurs hommes dans ce drame. 

Ainsi, depuis le début des évènements en décembre 2012, les responsables de la coalition Séléka imputent les exactions commises par cette coalition aux éléments incontrôlés jusqu’à un niveau où les gens commençaient à se demander à quand lesdits éléments seront-ils contrôlés.

Les milices anti-balakas qui se sont ensuite constitués pour contrecarrer les exactions de la Séléka ont elles-aussi excellé dans la violence qu’elles attribuent curieusement aux « éléments incontrôlés ».

Les semaines précédentes ont été marquées par des accrochages entre les forces de la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (MISCA), on parle d’éléments Burundais et Tchadiens. Là encore, les responsables évoquent des « brebis galeuses », une manière de dire « éléments incontrôlés » qui est un terme désormais connu de tous les centrafricains même les plus analphabètes.

S’agit-il d’une fuite de responsabilité, d’excuse facile ou d’une manière de fuir la vérité ? A chacun d’y réfléchir. S’il y a donc un vœu à formuler aux acteurs qui agissent en Centrafrique pour cette année 2014 ce sera celui du contrôle parfait de leurs éléments, de leurs armes et de leurs machettes car on a déjà reçu notre dose d’ « éléments incontrôlés ».  

Que Dieu bénisse la Centrafrique !

Centrafricains, partageons-nous la responsabilité dans le drame de notre pays ?

Tant de questions ont effleuré mon esprit ces derniers temps me poussent à rédiger cet article. Des questions qui sont pour la plupart légitimes vu leur importance. Pour se relever de cette crise endémique, il faut repartir à la source. « Pour tuer un serpent, il faut couper sa tête ». Les Centrafricains de toutes les couches partagent-ils la responsabilité collective de notre drame ? Le conflit centrafricain est plus profond qu’il en à l’air. Il est béant. Il doit être vu et expliquer dans tous ses contours. Dans ce billet, nous tenterons d’expliquer un certain nombre de choses qui ont permis de creuser davantage notre tombe.

 Quelques compatriotes avaient déjà abordé ces constantes qui méritent d’être soulignées. Dans un article de notre confrère blogueurCentro, la crise centrafricaine résulte d’un complot international et la solution ne viendrait pas de cette communauté internationale, ces personnes qui se disent politiciens, de l’Union africaine ni de la CEEAC qui ne font que tergiverser. Le scénario est semblable à celui du Mali où plusieurs réunions avaient été convoquées (plus d’une dizaine) sans vraiment avancer dans résolution de la crise malienne. Il a fallu que la France intervienne et qu’aux côtés des troupes françaises, un contingent tchadien se décident de lancer l’assaut pour libérer le nord Mali des groupes djihadistes. En Centrafrique, déjà 5 réunions extraordinaires, plus de 6 mois et une force qui n’existe que sur le papier car le contour financier reste discutable. Les organisations sous-régionales, régionales et internationales se regardent sans se concerter réellement sur le financement de la Misca. Je partage cette analyse du fait que nous avons largement contribué en tant que Centrafricains à arriver à cette déconfiture où passer une nuit sans une mauvaise nouvelle du genre attaque à Bossangoa, pillage à Boye-Rabe, assassinat à Combattant devient quelque chose de normale.
La vie de chaque Centrafricain ne tient qu’à un fil qui peut être fendu à tout moment par la volonté d’une tierce personne. L’humain est animalisé, dépouillé de toute sa dignité. Qu’à cela ne tienne, la faute nous incombe, car en tant que patriotes, notre responsabilité première consiste à nous unir pour barrer la route à tous ceux qui s’opposent de quelque façon que ce soit, au développement de notre cher et tendre pays, un pays qui a brillé dans le passé. Nous avons non seulement assisté à cette lamentable situation, mais nous y avons largement contribué par la mauvaise foi, par nos sales besognes, par le manque de patriotisme. Chacun quel que soit son travail, a jeté l’huile sur le feu. Notre ignorance a été constante et elle est un effet boomerang.
Des faits qui parlent d’eux-mêmes

  • Lorsque nous avons décidé volontairement d’opter pour un régime basé sur le népotisme, le favoritisme, le clientélisme, le clanisme, ce n’est pas la faute à la communauté internationale.
  • Lorsque nous avons volontairement sacrifié l’éducation des Centrafricains en détournant les fonds destinés à réformer les systèmes éducatifs, à corrompre un système éducatif qui n’existait plus depuis plus d’une décennie, ce n’est pas la faute à l’Unesco.
  • Lorsque nous avons décidé volontairement de détruire l’armée, en favorisant le recrutement des proches et parents en son sein au lieu de réaliser un recrutement digne de ce nom en mettant en devant, les compétences et la bravoure, ce n’est pas la faute à la Fomac ni à la Misca.
  • Lorsque nous avons décidé d’aider ces étrangers qui se sont mis à piller, tuer, détruire les maisons par notre complicité en pointant du doigt les maisons, en profitant pour régler nos comptes, ce n’est pas la faute aux Tchadiens ni aux Soudanais;
  • Lorsque nos frontières sont d’une porosité extrême et que des groupes armés étrangers circulent en toute liberté sans pour autant être inquiétés, ce n’est pas la faute aux pays voisins ;
  • Lorsque nous avons décidé d’escroquer, en tant que chef militaire, les candidats au recrutement des militaires sous l’ancien régime et que ces candidats malheureux se retrouvant dans la Seleka en profitent pour se venger, ce n’est pas la faute d’une tierce personne ;
  • Lorsque nous avons décidé de créer les partis politiques pour ensuite sauter sur la première occasion pour entrer dans le gouvernement et rallier à la majorité présidentielle et perdre le chapeau de l’opposition en acceptant certaines pratiques non démocratiques et en privilégiant remplir nos poches au détriment du peuple que nous avons juré sur la tombe de nos ancêtres lors des discours creux et dénués de sens que nous allons le servir, ce n’est pas la faute au peuple qui a placé en  nous son espoir ;
  • Lorsque, au lieu de créer des entreprises afin d’embaucher des jeunes sans emploi, favoriser le développement socio-économique, nous avons jugé utile de créer des partis politiques qui « polluent » l’atmosphère politique en Centrafrique, ce n’est pas la faute à la France ;
  • Lorsque nous avons décidé d’aller vivre à l’étranger et de nous fier juste à des fameuses déclarations qui ne changent en rien la situation au lieu d’emboiter le pas aux initiateurs de URGENCE236 qui sont venus en aide aux populations affectées, ce n’est pas la faute aux organisations humanitaires.
  • Lorsque, nous avons décidé volontairement de regarder nos frères, peu importe leur région, leur ethnie, leur religion comme des étrangers, alors que ce sont aussi des Centrafricains comme nous, ce n’est pas la faute à la communauté internationale ;
  • Lorsque nous avons décidé d’aller voter pour un candidat parce qu’il est de notre ethnie, notre région, ou que nous avons reçu de l’argent et du matériel de sa part, ce n’est pas la faute aux observateurs internationaux ;
  • Lorsque nous acceptons de percevoir un billet de 5000 F Cfa pour endurer 5 ans de souffrance à raison de 1000 F Cfa par an, ce n’est pas la faute à l’Union européenne. Alors que nous pouvons opter comme Stephen King,  « La confiance de l’innocent est le meilleur atout du menteur», ôtons cette confiance aveugle aux politiciens et leur masque tombera toute seule.
  • Lorsque nous avons décidé d’ignorer ce qui se passe dans notre pays et vivre comme si de rien n’était en laissant nos pauvres parents pourrir comme des animaux, ce n’est pas la faute à la communauté internationale.
Alors Centrafricains, chers frères et sœurs, pourquoi imputer la responsabilité aux autres lorsque nous sommes, nous-mêmes à l’origine de notre drame. Nous avons toujours opté pour la facilité en rejetant la responsabilité sur les autres puisqu’il est facile d’accuser que de s’accuser.
Quand est-ce que nous allons ouvrir les yeux et comprendre que nous sommes responsables de ce qui se passe et que c’est par nos propres efforts que de la solution idoine et définitive jaillira la joie dans nos cœurs. Il est temps que nous changions, car « Les erreurs ont toujours été les plus grands professeurs» affirme François Gervais.

Si nous ne voulons pas que notre pays revive la même tragédie, c’est à nous de décider de tourner cette sombre page de notre histoire et décrire une autre page dont la base doit être la démocratie. Ce combat ne doit pas être solitaire, il faut qu’il y ait une révolution morale, car c’est elle la vraie révolution, ce n’est pas les armes qui vont faire changer les choses et là, nous avons eu suffisamment de preuves pour ne plus nous en dissuader.

jeudi 2 janvier 2014

Ne cédons pas à la haine!

En regardant attentivement la tragédie qui se déroule en Centrafrique depuis quelques mois, on se rend compte très vite que l’un des protagonistes du conflit est la haine. Ce mot est défini par le dictionnaire français Larousse comme « Sentiment qui porte une personne à souhaiter ou à faire du mal à une autre, ou à se réjouir de tout ce qui lui arrive de fâcheux ». Il est clair, net et limpide que ce sentiment est en train de gagner du terrain dans le cœur de nombreux centrafricains depuis le début de cette crise au point de rendre leur cœur impénétrable aux multiples appels des dignitaires religieux du pays toutes confessions religieuses confondues.Il faut reconnaître que plusieurs événements dont certains très anciens et d’autres récents ont alimenté la naissance de cette haine destructrice et son renforcement dans le cœur des centrafricains. Nombreux sont les centrafricains du nord qui se disaient marginalisés durant des décennies ainsi qu’une partie de la communauté musulmane qui se disait maltraitée (obtention de passeport ou de cartes d’identité nationale, raquette sur les routes…). La venue de la Séléka a ajouté son lot de catalyseurs : pillages, viols, massacres et exactions de tout genre en toute impunité et dirigés sélectivement contre les chrétiens à en croire ces derniers. La persistance des exactions, alors qu’il n y avait plus de belligérants en face dès la prise de Bangui, a jeté la quasi-totalité des centrafricains dans le désenchantement, eux qui pensaient revivre le coup d’Etat de 2003. Du coup, la Séléka et ses chefs tombent dans la disgrâce aux yeux des centrafricains allant d’impopularité en impopularité.  La constitution des milices d’auto-défenses anti-balakas avec son cortège d’exactions avec des représailles ont conduit les centrafricains au firmament de la haine faisant des voisins d’hier les ennemis d’aujourd’hui.   Et demain ? « La haine que les coeurs conservent au dedans Nourrit des feux cachés, mais d'autant plus ardents »disait Corneille. Musulmans et chrétiens sont appelés à vivre ensemble en Centrafrique demain comme hier mais tant que la haine demeure cette symbiose risque de rester à jamais qu’ une simple nostalgie. Alors, l’heure est aux gestes concrets  d’apaisement de la part de toutes les parties et cela passe nécessairement par la justice qui n’est autre que le fait de donner à chacun ce qui lui est dû ! Cela suppose l’arrêt totale des exactions afin de permettre aux uns et aux autres de faire leur deuil et de panser leur blessures afin qu’un pardon et une réconciliation soient possibles. Autrement, personne ne fera sien cette affirmation de POUSSIN « Au lieu de répondre par la haine à la haine que me portent mes rivaux, je sens que je dois me venger d'eux en leur faisant du bien et du plaisir ». Cultivons l’amour et la paix, chers compatriotes !

Centrafricains, évitons la désinformation sur les réseaux sociaux

La crise centrafricaine a mobilisé un nombre important de compatriotes notamment sur les réseaux sociaux. Une autre manière d’informer est née depuis la tragédie centrafricaine : la presse citoyenne. Les internautes centrafricains grâce  aux réseaux sociaux se tiennent informés régulièrement à travers Facebook, Twitter, … Ce qui est d’ailleurs très important. Seulement, certains en abusent pour publier des informations erronées et non vérifiées. La situation en Centrafrique est déjà très tendue, nous n’avons pas besoin de l’envenimer.

Mais si nous avons décidé tous de saisir cette opportunité que  nous offre le web 2.0, très peu d’entre nous en font bon usage. L’étape de vérification d’information censée très importante est souvent négligée pourtant une information sans vérification peut désinformer. Car la frontière entre informer objectivement, c’est-à-dire rendre compte avec  exactitude  de ce qui se passe dans une zone, un quartier et désinformer, c’est-à-dire balancer une information sans la « sourcer » au premier passage à tort ou à raison est très minime. La formation que j’ai reçue à Dakar, avec les autres Mondoblogueurs m’a permis de cerner le piège auquel nous pouvons nous heurter dans le traitement et la diffusion de l’information. La désinformation nous guette à tout moment, mais le professionnalisme voudrait que nous ne diffusions que des informations vérifiées.

Moins d’un mois après le coup d’État du 24 mars, l’un de mes meilleurs étudiants a perdu la vie à cause d’une rumeur infondée sur une possible extermination par les éléments de la Seleka de tous les hommes à Bangui. Ce dernier s’est noyé dans le fleuve du PK 9 à la sortie sud de Bangui, avec plusieurs autres habitants de Bangui qui tentaient comme lui de se mettre à l’abri. A cause de ces ragots, le pays a ainsi perdu de vaillants compatriotes. Il restera dans mes souvenirs pour toujours. Certains compatriotes avaient diffusé sur Internet que la pharmacie Sambo, la plus grande pharmacie de la Centrafrique avait été pillée et saccagée par les habitants du KM 5. Une information qui s’est révélée erronée La nouvelle a fait la « Une » de Facebook et il a fallu que la radio Ndeke fasse déplacer un de ses reporters pour la démentir.

Le vendredi 27 décembre 2013, comme si après plus d’une année de malheur, il fallait redonner le sourire aux Centrafricains, une rumeur folle a parcouru les réseaux sociaux annonçant la démission du président de la transition Michel Djotodia. Dans la soirée vers 19 heures, ce sont alors le porte-parole de la présidence Simplice Guy Koguede et le ministre centrafricain de la Communication Andrien Poussou qui démentiront cette information sur la démission du président.

Nous sommes tous sous le choc de ce qui se passe chez nous et c’est humain, car nous éprouvons des émotions. Nous pouvons être appelés à commenter un point de vue, une information, un fait, mais de grâce, n’oublions pas de spécifier les sources de nos informations pour ceux qui ne sont pas présents lors des faits, ou expliquer objectivement lorsque nous assistons aux scènes, il faut faire un vrai témoignage. Ne jetons pas de l’huile sur le feu, car la situation est déjà assez chaotique.

Il s’agit juste d’une contribution personnelle dans cette situation de crise que nous vivons de l’intérieur. Adopter ce principe nous permettra de mieux nous suivre les évènements  et de vivre la situation telle qu’elle est sur le terrain afin de rester en contact avec nos proches parents, amis et connaissances dans ce moment de descente aux enfers.

mercredi 1 janvier 2014

RCA: les ressortissants étrangers quittent le pays, que doit-on en comprendre?

Depuis le regain de violences en Centrafrique avec des exactions qui prennent désormais des connotations interconfessionnelles (musulmans et chrétiens), les ressortissants des pays voisins (Tchad, Sénégal, Nigéria...) en grande majorité des musulmans quittent le pays en cascade. Officiellement, c'est par crainte des représailles des milices chrétiennes (Anti-balakas) qui les assimileraient aux éléments de l'ex coalition Séléka. Mais beaucoup de centrafricains s'interrogent aussi sur ce qui adviendra après le départ de tous ces étrangers. Est-ce une stratégie pour apaiser la tension dans les coeurs des uns et des autres? Ou bien faille-t-il y voir une manœuvre lugubre pour transformer le pays en un véritable champ de bataille?  Les questions demeurent malheureusement sans réponse!