Représentant plus de soixante pour cent de la
population centrafricaine, la jeunesse est de loin le grand perdant des crises
qui frappent à plein fouet la République centrafricaine (RCA) et ce à tous les
niveaux. S’il est clair, net et limpide que la jeunesse est la première couche
de la population instrumentalisée, manipulée pour être au premier plan des
fronts égoïstes ouverts par des politiciens et opportunistes, il est indéniable
que cette jeunesse soit simplement oubliée lorsque viennent les rares bons
moments.
Des
enfants sacrifiés à multiples reprises!
L’enlèvement des jeunes et enfants par l’Armée de
Résistance du seigneur (LRA) dans le Nord-est du pays est connu de tous. Il en
est de même pour la rareté des infrastructures scolaires dans cette partie de
la RCA favorisant ainsi l’entrée de plusieurs jeunes désœuvrés dans les
multiples rebellions qu’a connu le pays. L’UNICEF compte à ce jour 2,3 millions
d’enfants affectés par la crise selon Souleymane
Diabaté, représentant du Programme des Nations Unis pour l’Enfance en
République centrafricaine qui a affirmé que : « Nous sommes témoins
d’un niveau de violence sans précédents contre les enfants » avant de
souligner qu’environ 3 600 enfants seraient actuellement enrôlés dans les
groupes armés. Les drames que subissent les enfants en Centrafrique sont légion :
Déplacement à l’intérieur et à l’extérieur du territoire, perte des parents,
recrutement forcé, malnutrition, violences sexuelles, déscolarisation,…
Plusieurs enfants ont donc perdu leur innocence qui leur a été volée et
nombreux sont ceux qui sont condamnés à vivre comme des adultes alors qu’ils
ont encore besoin de parents.
Un
système éducatif en panne depuis fort longtemps
Il n’ya qu’en RCA qu’on n’a vraiment pas honte de
jouer avec la vérité. Depuis fort longtemps les élèves et étudiants en
Centrafrique sont victimes d’une parodie d’école. Ce qui a poussé même l’épiscopat
centrafricain à dire ouvertement que : « Nous nous acheminons vers
une deuxième année blanche ». Si dans une grande partie du pays les
structures scolaires sont quasi-inexistantes, les gouvernements qui se sont succédé
à la tête de ce pays sont eux, très doués pour modifier les calendriers
académiques. A l’université, réputée pour ses élastiques et interminables
années académiques qui peuvent débuter à n’importe quelle période de l’année,
ont célèbre la rentrée académique alors qu’une bonne partie des facultés n’ont
pas encore achevé l’année en cours. Dans les établissements scolaires, l’année scolaire
divisée normalement en trimestre peut se résumer en semestre en un clin d’œil même
si ce semestre ne peut durer que deux mois. En cause, les grèves à répétition
des enseignants qui ne perçoivent que pas saccade leurs dus et les crises
militaro-politiques qui imposent à tout le monde une vacance à ne pas refuser. Depuis
les événements du 24 mars dernier, le ministère de l’éducation nationale dans
ses tentatives désespérées de sauver l’année scolaire a divisé le pays en deux zones
pédagogiques, il s’agit des fameuses zop1 et zop2. Reste à savoir la stratégie
désespérée qui sera trouvée pour éviter de parler d’année blanche et de faire
comme si tout allait bien, comme toujours.
Un marché de l’emploi inexistant
Bien avant cette crise, trouver un emploi en
Centrafrique a toujours été une véritable mer à boire. D’abord pour trouver un
lieu de stage, il faut être né avec une étoile sur le front. Nombreux sont les
étudiants en position de stage, qu’ils soient formés à l’extérieur ou à l’intérieur,
qui vont diront le nombre de demande de stage qu’ils ont adressées et qui
malheureusement demeurent sans suite. La pluie de pillages qui s’est abattue
sur le pays et particulièrement dans la capitale Bangui avec l’avènement de la
Séléka a annihilé les quelques possibilités de stages et d’emplois qui
existaient dans les rares sociétés de la place et voilà la grande partie des
jeunes qui croyaient enfin pouvoir sortir la tête de l’eau, réduits au chômage
technique. Ceux qui faisaient leur preuve dans l'entrepreneuriat ne sont pas
épargnés non plus.
Une
nécessaire réflexion s’impose.
L’heure est plus que jamais à la réflexion et à l’autocritique
pour la jeunesse centrafricaine. Dans ce même pays il y’a eu des jeunes qui,
mains nues ont chassé l’un des plus grands dictateurs d’Afrique et pour beaucoup
au prix de leur vie. Comment accepter de vivre dans une situation où l’inquiétude
est sans borne et le lendemain incertain ? Une vie où il n’y a pas de
place pour des résolutions, projets et perspectives ? Tout cela doit s’arrêter
et s’arrêtera si la jeunesse centrafricaine le veut vraiment. Ce sera alors
dire non à la manipulation, à la corruption de l’innocence, à la haine, à la
facilité et à la naïveté. Ainsi elle pourra enfin peser de tout son poids sur
la vie de cette nation et obliger nos politicards à mettre le peuple avant tout
car rien ne peut contre une jeunesse unie et déterminée qui constitue la bonne
partie de l’électorat centrafricain. Alors réveillons-nous chers jeunes et au
travail !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire