samedi 18 janvier 2014

La jeunesse, grande perdante du chaos centrafricain!

Représentant plus de soixante pour cent de la population centrafricaine, la jeunesse est de loin le grand perdant des crises qui frappent à plein fouet la République centrafricaine (RCA) et ce à tous les niveaux. S’il est clair, net et limpide que la jeunesse est la première couche de la population instrumentalisée, manipulée pour être au premier plan des fronts égoïstes ouverts par des politiciens et opportunistes, il est indéniable que cette jeunesse soit simplement oubliée lorsque viennent les rares bons moments.

Des enfants sacrifiés à multiples reprises!
L’enlèvement des jeunes et enfants par l’Armée de Résistance du seigneur (LRA) dans le Nord-est du pays est connu de tous. Il en est de même pour la rareté des infrastructures scolaires dans cette partie de la RCA favorisant ainsi l’entrée de plusieurs jeunes désœuvrés dans les multiples rebellions qu’a connu le pays. L’UNICEF compte à ce jour 2,3 millions d’enfants affectés par la crise selon Souleymane Diabaté, représentant du Programme des Nations Unis pour l’Enfance en République centrafricaine qui a affirmé que : « Nous sommes témoins d’un niveau de violence sans précédents contre les enfants » avant de souligner qu’environ 3 600 enfants seraient actuellement enrôlés dans les groupes armés. Les drames que subissent les enfants en Centrafrique sont légion : Déplacement à l’intérieur et à l’extérieur du territoire, perte des parents, recrutement forcé, malnutrition, violences sexuelles, déscolarisation,… Plusieurs enfants ont donc perdu leur innocence qui leur a été volée et nombreux sont ceux qui sont condamnés à vivre comme des adultes alors qu’ils ont encore besoin de parents.

Un système éducatif en panne depuis fort longtemps
Il n’ya qu’en RCA qu’on n’a vraiment pas honte de jouer avec la vérité. Depuis fort longtemps les élèves et étudiants en Centrafrique sont victimes d’une parodie d’école. Ce qui a poussé même l’épiscopat centrafricain à dire ouvertement que : « Nous nous acheminons vers une deuxième année blanche ». Si dans une grande partie du pays les structures scolaires sont quasi-inexistantes, les gouvernements qui se sont succédé à la tête de ce pays sont eux, très doués pour modifier les calendriers académiques. A l’université, réputée pour ses élastiques et interminables années académiques qui peuvent débuter à n’importe quelle période de l’année, ont célèbre la rentrée académique alors qu’une bonne partie des facultés n’ont pas encore achevé l’année en cours. Dans les établissements scolaires, l’année scolaire divisée normalement en trimestre peut se résumer en semestre en un clin d’œil même si ce semestre ne peut durer que deux mois. En cause, les grèves à répétition des enseignants qui ne perçoivent que pas saccade leurs dus et les crises militaro-politiques qui imposent à tout le monde une vacance à ne pas refuser. Depuis les événements du 24 mars dernier, le ministère de l’éducation nationale dans ses tentatives désespérées de sauver l’année scolaire a divisé le pays en deux zones pédagogiques, il s’agit des fameuses zop1 et zop2. Reste à savoir la stratégie désespérée qui sera trouvée pour éviter de parler d’année blanche et de faire comme si tout allait bien, comme toujours.
Un marché de l’emploi inexistant 
Bien avant cette crise, trouver un emploi en Centrafrique a toujours été une véritable mer à boire. D’abord pour trouver un lieu de stage, il faut être né avec une étoile sur le front. Nombreux sont les étudiants en position de stage, qu’ils soient formés à l’extérieur ou à l’intérieur, qui vont diront le nombre de demande de stage qu’ils ont adressées et qui malheureusement demeurent sans suite. La pluie de pillages qui s’est abattue sur le pays et particulièrement dans la capitale Bangui avec l’avènement de la Séléka a annihilé les quelques possibilités de stages et d’emplois qui existaient dans les rares sociétés de la place et voilà la grande partie des jeunes qui croyaient enfin pouvoir sortir la tête de l’eau, réduits au chômage technique. Ceux qui faisaient leur preuve dans l'entrepreneuriat ne sont pas épargnés non plus.

Une nécessaire réflexion s’impose.

L’heure est plus que jamais à la réflexion et à l’autocritique pour la jeunesse centrafricaine. Dans ce même pays il y’a eu des jeunes qui, mains nues ont chassé l’un des plus grands dictateurs d’Afrique et pour beaucoup au prix de leur vie. Comment accepter de vivre dans une situation où l’inquiétude est sans borne et le lendemain incertain ? Une vie où il n’y a pas de place pour des résolutions, projets et perspectives ? Tout cela doit s’arrêter et s’arrêtera si la jeunesse centrafricaine le veut vraiment. Ce sera alors dire non à la manipulation, à la corruption de l’innocence, à la haine, à la facilité et à la naïveté. Ainsi elle pourra enfin peser de tout son poids sur la vie de cette nation et obliger nos politicards à mettre le peuple avant tout car rien ne peut contre une jeunesse unie et déterminée qui constitue la bonne partie de l’électorat centrafricain. Alors réveillons-nous chers jeunes et au travail !

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