Le suspens n’aura duré que quelques jours même si
pour le peuple centrafricain une seconde dure plus qu’un siècle en ce moment si
difficile de son histoire. L’élection de Catherine Samba-Panza à la tête de la
RCA pour la poursuite de la transition politique aura été riche d’images dont
deux majeures :
La
première femme présidente en Centrafrique et la troisième en Afrique
C’est à une
femme que les conseillers nationaux de
la transition viennent de confier les clés du palais de la Renaissance. C’est
une première pour ce pays qui depuis plus de cinquante ans a vu défiler
plusieurs hommes à la magistrature suprême et qui n’a pas l’habitude de voir les femmes se hisser à un haut poste de
responsabilité. Certes, les femmes se sont toujours battues dans ce pays même si Elisabeth Domitien et Ruth Rolland
respectivement Premier ministre sous le règne du feu empereur Jean Bédel
BOKASSA et Candidate malheureuse aux élections présidentielles de 1993
remportées par Ange-Félix PATASSE sont restées les deux à inscrire leurs noms à
un échelon élevé du pouvoir du moins
jusqu’à hier. Mais Mama Cathy, comme on l’appelle désormais vient par cette
élection d’inscrire le nom de la femme aux plus hautes fonctions de l’Etat plaçant ainsi la
RCA au troisième rang après le Liberia et le Malawi dans la liste des chefs d’Etat
féminins en Afrique : Hellen Johnson Sirleaf à l’Ouest, Joyce Banda au Sud
et Catherine Samba-Panza au Centre. Même si c’est à travers une transition que
les deux dernières sont parvenues au pouvoir, cela ne diminue en rien leur fauteuil
de président.
Une
centrafricaine comme les autres
La nouvelle présidente centrafricaine est née au Tchad
(Forlamy) de père camerounais et de mère
centrafricaine, réalité qu’elle a revendiquée lors de la présentation de sa
profession de foi avant les élections. Cette vérité n’a pourtant pas empêché
les conseillers du CNT à l’élire confortablement (75 voix contre les 53 de son
Challenger). Preuve que le centrafricain, en dépit de tout ce qu’on peut
raconter, n’est pas intrinsèquement xénophobe comme beaucoup le croyaient lors
du rapatriement massif des citoyens étrangers. De Nicolas Sarkozy à Joseph
Kabila en passant par Alassane Ouattara, tout le monde sait ce qu’on peut
raconter sur un Chef de l’Etat au moindre soupçon d’une origine étrangère même
si elle n’est pas avérée. A ce sujet, l’on peut fournir beaucoup de raison sur
le cas de la RCA mais je pense que la vraie réponse se trouve dans les valeurs
de ce pays si ouvert, hospitalier et régionaliste dès sa fondation par
Barthélémy BOGANDA qui disait « ZO KWE ZO », traduit par « TOUT
HOMME EST HOMME » par Jean Baptiste Placca qui constate qu’on ne peut
trouver mieux d’abréger des droits de l’Homme. Il suffit de voir le drapeau
centrafricain et sa signification pour tout comprendre. Selon BOGANDA le
panafricaniste : le bleu représente le Congo et son océan, le blanc pour
le Tchad et son coton, le vert pour le Gabon et ses forêts, le jaune pour l’ancien
Oubangui-Chari et ses richesses minières, le rouge pour le sang [de l’esclavage]
versé unissant tous ces peuples marchant vers l’étoile de l’émancipation.
Si le centrafricain lambda se demande encore dans
les rues comment sera appelé le mari de la présidente et le rôle qu’il jouera
pour les plus curieux, Mama Cathy est perçue et acceptée de tous comme un digne
fils de son pays. Alors accompagnons les centrafricains à renouer avec leurs
nobles valeurs où on a failli les en séparer ces derniers temps. Vive la
Centrafrique !
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