Il faut reconnaître que
depuis le regain des violences à Bangui le 05 décembre concomitant au vote de
la résolution 2127 du conseil de sécurité de l’ONU et le déploiement des
soldats de l’opération Sangaris, il y a eu une augmentation du nombre des journalistes,
reporters et envoyés spéciaux sur le sol centrafricain. Ce qui est une bonne chose en soit
puisqu’enfin ce pays souvent « oublié du monde » comme disait le Pape
François à Noël lors de sa bénédiction urbi et orbi va être à la lumière avec
ses interminables tragédies et luttes intestines dont sont victimes de milliers
d’innocents. Pourtant, il semble se poser un réel problème : la plupart de
ces observateurs ne semblent pas bien connaitre vraiment eux-aussi ce pays dans sa singularité
tout comme la communauté internationale.
La première erreur a été
celle de sous-estimer les forces en présence en Centrafrique et leurs terribles
capacités de nuisance. En effet, la communauté internationale qui a qualifié la
situation en Centrafrique de « Pré-génocidaire » a malheureusement
considéré les protagonistes sur terrain comme étant des « groupes de
voyous » qui s’effaceront dès l’arrivée des forces étrangères. Hélas, l’effet
dissuasif tant attendu n’a pas été obtenu. Pire, ces « groupes de voyous »
qui ne connaissent pas de règles loyales inculquées aux militaires ont beaucoup
à gagner puisqu’ils peuvent utiliser tous les stratagèmes mesquins mais
pourtant efficaces (se confondre avec les populations, pousser les gens à
vociférer…) à leur avantage. En plus, désarmer un Séléka qui a peut-être
plusieurs cachettes d’armes ou qui peut utiliser un couteau ne sert à rien tout
comme désarmer un anti-balaka qui peut utiliser une machette à la place de son kalachnikov.
La deuxième erreur a été d’assimiler
Sangaris à Serval. Certes il y a quelques similitudes à l’instar de la
nécessité d’intervenir pour faire face à l’effondrement d’une nation en voie de
tomber dans les mains des criminels (djihadistes au Mali et mercenaires en
Centrafrique) mais les différences sont aussi légion comme l’identification d’un
ennemi précis au Mali alors qu’en RCA tout est confus…
La troisième erreur c’est
d’oublier l’un des protagonistes, le plus important d’ailleurs : la haine !
En effet, la longue marginalisation des uns et les sempiternelles exactions des
autres ont créé, alimenté et exacerbé la haine dans le cœur de bon nombre de
centrafricains qui finissent par croupir dans la violence. Si, on n’inclut pas
le désarmement de la haine dans les stratégies de la sortie de crise, on sera
toujours à la case de départ.
La quatrième erreur est l’emploi
à tort de l’expression « conflit interreligieux ». En effet, beaucoup
aimeraient qu’il en soit ainsi ou qu’il en ait l’air pour qu’ils atteignent
leurs objectifs lugubres. Pourtant lorsqu’on est attentif, on perçoit tout de
suite les anti-balaka avec des amulettes tout comme les Sélékas pourtant ni la
Bible ni le Coran l’enseignent. Faille t-il vraiment parler de chrétiens et
musulmans ?
Enfin, une dernière erreur
est celle de penser que la solution de la crise est militaire alors qu’elle est
politique. A vous de développer !
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