dimanche 5 janvier 2014

Une crise qui fait couler de l’encre sans crever l’abcès.

Il faut reconnaître que depuis le regain des violences à Bangui le 05 décembre concomitant au vote de la résolution 2127 du conseil de sécurité de l’ONU et le déploiement des soldats de l’opération Sangaris, il y a eu une augmentation du nombre des journalistes, reporters et envoyés spéciaux sur le sol centrafricain.  Ce qui est une bonne chose en soit puisqu’enfin ce pays souvent « oublié du monde » comme disait le Pape François à Noël lors de sa bénédiction urbi et orbi va être à la lumière avec ses interminables tragédies et luttes intestines dont sont victimes de milliers d’innocents. Pourtant, il semble se poser un réel problème : la plupart de ces observateurs ne semblent pas bien connaitre  vraiment eux-aussi ce pays dans sa singularité tout comme la communauté internationale.


La première erreur a été celle de sous-estimer les forces en présence en Centrafrique et leurs terribles capacités de nuisance. En effet, la communauté internationale qui a qualifié la situation en Centrafrique de « Pré-génocidaire » a malheureusement considéré les protagonistes sur terrain comme étant des « groupes de voyous » qui s’effaceront dès l’arrivée des forces étrangères. Hélas, l’effet dissuasif tant attendu n’a pas été obtenu. Pire, ces « groupes de voyous » qui ne connaissent pas de règles loyales inculquées aux militaires ont beaucoup à gagner puisqu’ils peuvent utiliser tous les stratagèmes mesquins mais pourtant efficaces (se confondre avec les populations, pousser les gens à vociférer…) à leur avantage. En plus, désarmer un Séléka qui a peut-être plusieurs cachettes d’armes ou qui peut utiliser un couteau ne sert à rien tout comme désarmer un anti-balaka qui peut utiliser une machette à la place de son kalachnikov.


La deuxième erreur a été d’assimiler Sangaris à Serval. Certes il y a quelques similitudes à l’instar de la nécessité d’intervenir pour faire face à l’effondrement d’une nation en voie de tomber dans les mains des criminels (djihadistes au Mali et mercenaires en Centrafrique) mais les différences sont aussi légion comme l’identification d’un ennemi précis au Mali alors qu’en RCA tout est confus…


La troisième erreur c’est d’oublier l’un des protagonistes, le plus important d’ailleurs : la haine ! En effet, la longue marginalisation des uns et les sempiternelles exactions des autres ont créé, alimenté et exacerbé la haine dans le cœur de bon nombre de centrafricains qui finissent par croupir dans la violence. Si, on n’inclut pas le désarmement de la haine dans les stratégies de la sortie de crise, on sera toujours à la case de départ.


La quatrième erreur est l’emploi à tort de l’expression « conflit interreligieux ». En effet, beaucoup aimeraient qu’il en soit ainsi ou qu’il en ait l’air pour qu’ils atteignent leurs objectifs lugubres. Pourtant lorsqu’on est attentif, on perçoit tout de suite les anti-balaka avec des amulettes tout comme les Sélékas pourtant ni la Bible ni le Coran l’enseignent. Faille t-il vraiment parler de chrétiens et musulmans ?



Enfin, une dernière erreur est celle de penser que la solution de la crise est militaire alors qu’elle est politique. A vous de développer !

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