mercredi 22 janvier 2014

Quelques écueils au retour des déplacés de Bangui à la maison

Dans sa conférence de presse, la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba-Panza affirme étudier avec les partenaires humanitaires et les forces internationales déployées dans le pays les possibilités d’organisation d’un retour à la maison des quelques 450 000 déplacés repartis dans les différents camps de Bangui. C’est pour nous l’occasion d’analyser les contours de cette action qui est une des nombreuses priorités actuelles du pays car sans le retour immédiat à la maison de ces déplacés, la vie ne peut reprendre son rythme normal à Bangui. Il s’agit donc d’une condition sine qua non à la reprise des activités administratives, scolaires, commerciales et autres. Mais ce n’est pas une tâche facile pour plusieurs raisons.

Bangui demeure une ville où règne l'insécurité

Il faut admettre qu’en dépit des actions menées par la MISCA et la force française Sangaris, l’insécurité demeure importante dans la ville de Bangui où une personne sur deux est déplacée quoique les coups de feu sont maintenant rares et le niveau de la violence abaissé. La plupart de ces déplacés ont peur de se faire enlever une fois à la maison car le désarmement tant annoncé est encore très superficiel et  beaucoup de centrafricains pensent que des armes sont toujours cachées à l’intérieur des maisons. Par ailleurs, le souvenir de ceux qui, il y a quelques semaines, ne revenaient plus quand ils allaient jeter un coup d’œil à la maison continu de hanter les déplacés. En plus les lynchages ne tarissent pas dans la capitale centrafricaine confirmant que nul n’est à l’abri. Même s’il arrive que quelques déplacés se rendent à la maison dans la journée, ils rentrent précipitamment avant 16 heures dans leurs LEDGER respectifs (nom que les banguissois donnent aux camps des déplacés par analogie à l’hôtel quatre étoiles de la capitale où trouvent refuge les grandes personnalités tant étrangères que nationales) car comme on le dit ici « La nuit n’a pas d’yeux ».

Beaucoup de déplacer ont tout perdu

Quitter les camps de déplacés est synonyme de retour à la maison. Justement, les maisons, plusieurs centrafricains n’en ont plus. Elles étaient pillées, saccagées ou simplement brûlées par des grenades. Les camps demeurent pour beaucoup un dernier rempart. Certes payer les quatre mois d’arriérés de salaires soulagera quelques uns mais ne résoudra pas le problème de fond car il faut savoir que les salariés sont comptés des bouts de doigt et que la majeur partie des centrafricains ont toujours vécu au jour le jour à travers le secteur informel qui a malheureusement subi un grand dommage avec ces récents événements.

Certains déplacés commencent à s’accoutumer aux camps

Il est irréfutable que la majeur partie des déplacés se trouvent dans ces camps contre leur volonté et n’ont qu’une seule envie : rentrer chez eux ! Seulement une bonne partie des occupants de ces camps étaient des désœuvrés qui vivotaient déjà bien avant les récents événements peut-être aussi à cause de leur paresse mais surtout à cause de la conjoncture calamiteuse du pays depuis un bon moment. Pour ceux là, la précaire situation dans les camps de déplacés est préférable à leur vie d’antan.

Les atouts de la Présidente pour une première action à ne pas rater

Il apparaît clairement que pour convaincre les déplacés à rentrer vite chez eux, mama Cathy en plus de pêcher l’apaisement et le pardon devra employer une stratégie multiforme qui prendra en compte : Le retour véritable et la garantie de la sécurité dans tous les coins et recoins de Bangui,  le processus d’indemnisation des victimes, l’accompagnement moral, physique et humanitaire des déplacés chez eux et la mise en place des  possibilités de création de petites activités génératrices de revenus… Quoiqu’offrir tout cela semble impossible en un temps si court, Madame Samba-Panza dispose néanmoins de nombreux atouts pour persuader les centrafricains qui semblent accueillir son élection les bras ouverts. Pour ce faire, elle doit utiliser sa carte de véritable maman qui est attentive à tous les problèmes de ces enfants même les plus cachés quoiqu’elle ne dispose pas de moyens immédiats pour leur donner satisfaction totale. Il est des situations comme celle-ci où le fait de se sentir compris apaise énormément… 

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