lundi 27 janvier 2014

Ne nous trompons pas de combat !

Il est malheureux que beaucoup de compatriotes se laissent duper par ceux qui ont voulu faire de la crise centrafricaine un conflit interreligieux et nous le dénoncerons avec toute la force de nos poumons autant qu’il le faudra. S’en prendre à des civils en les lynchant ou en les découpant à coup de machette pour la simple raison qu’ils sont musulmans est inacceptable. Il est abominable et ahurissant à la fois de voir un homme pousser la haine jusqu’à « manger la chair humaine » soi-disant par vengeance. De grâce, arrêtons tout cela avant d’être tous des malades mentaux dans ce pays! Les Anti-balakas ont l’obligation de mettre de l’ordre dans leur camp et de s’attaquer à tout prototype de groupes qui usurpent leur nom pour s’en prendre aux innocents et à leurs biens car « éléments incontrôlés » est une expression qu’on n’a plus besoin d’entendre pour la simple raison que ce n’est pas une excuse et qu’elle nous rappelle beaucoup l’ère Djotodia.


 Le choix d’une conviction religieuse est une liberté fondamentale de tout individu et aucune religion ne vaut plus qu’une autre. Tout comme la barbarie effrénée de la Séléka contre des civiles majoritairement chrétiens a été dévastatrice, la vengeance aveugle des Anti-balakas est contre-productive. Personne ne peut nier les innombrables exactions qui ont été commises par la Séléka et Dieu seul sait quand se cicatriseront des plaies aussi béantes et abyssales étant donner qu’il n’y a pas de psychologues ni de psychiatres ni de travailleurs sociaux pour accompagner les nombreuses victimes abandonnées à elles-mêmes et à la merci des névroses post-traumatiques, dépressions et autres… Toutefois, Faire payer aux civiles musulmans l’addition des exactions commises par la Séléka sur des chrétiens est synonyme de devenir assassins tout comme eux. Et le drame est que cela ne soulagera pas mais au contraire aggravera la situation car la violence n’engendre que la violence et se faisant, nous nous trompons de combat car la véritable bataille est ailleurs.


Le véritable combat est de s’attaquer aux maux qui ont miné ce pays depuis des décennies et qui nous ont conduits à cette situation. Le véritable combat est celui de renouer avec nos valeurs républicaines et patriotiques dont la négligence nous a rendus vulnérables aux meutes de mercenaires venus de tous les coins et recoins de la sous région. Le véritable combat c’est de s’attaquer à la question du sous-développement, de la mauvaise gouvernance,  de la corruption, du népotisme et de l’impunité qui sont des ingrédients à l’origine du chaos de notre pays. Le véritable combat, c’est d’identifier sa propre part de responsabilité dans l’installation progressive de ce chaos et de se donner les moyens pour ne plus répéter les mêmes erreurs…



Nous avons crié à la communauté internationale et elle a réagi, quoique timidement et tardivement. Il est à nous maintenant d’assurer aussi notre part du contrat. C’est à nous de prouver au monde que nous sommes différents des mercenaires et assassins de la Séléka parce que nous sommes effectivement différents car nous sommes un peuple qui a toujours crié haut et fort que « ZO KWE ZO » (Tout Homme est Homme). Tuer par vengeance ne résout aucun problème et n’efface pas la réalité. Pendant la guerre mondiale il y a des français qui ont protégé des juifs, à Rwanda il y’avait des Hutu qui protégeaient des Tutsi. Les chrétiens et les musulmans doivent défier ceux qui les poussent à s’affronter en protégeant chacune des communautés là où elle est vulnérable comme on l’a vu à la paroisse de Boali et dans certains quartiers à prédominance musulmane. C’est à ce prix que nous retrouverons la vraie paix et débusquerons les vrais fauteurs de troubles pour les traduire devant les tribunaux afin de rendre justice aux victimes de chaque côté. Je suis convaincu que c’est ce que MANDELA aurait souhaité en décidant de quitter le monde à une date qui revêt un caractère spécial pour chacun d’entre nous (le 05 décembre 2013 : journées la plus meurtrière en Centrafrique) afin que nous puissions prendre le relais. Alors, chers compatriotes, rendons à ce digne fils de l’Afrique l’hommage qu’il mérite !

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