mardi 21 janvier 2014

Centrafrique : Catherine Samba-Panza à la présidence

Il était 14 h 55, heure de Bangui,  lorsque la présidente par intérim du Conseil national de Transition a pris la parole pour proclamer les résultats définitifs du scrutin à la présidence de la Transition. Pas moins de  8 candidats étaient en lice  pour succéder à l’ancien président Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier 2014 à Ndjamena par ses pairs de la CEEAC (Communauté des Etats de l’Afrique centrale) après 10 mois de violence dans le pays. Faut-il voir dans la désignation de Catherine Samba-Panza à la présidence un symbole de la rupture et du changement ?
Catherine Samba-Panza, la Présidente de la Transition en Centrafrique

L’atmosphère était dense en cette matinée du lundi 20 janvier. L’attente demeurait interminable pour de nombreux Centrafricains qui espèrent une rupture avec les régimes précédents qui n’ont apporté que des déceptions. Ce lundi, est un jour nouveau pour la Centrafrique et pour tous les Centrafricains du monde qui ont utilisé différents moyens (radio, réseaux sociaux…) pour vivre en direct ce changement. L’hémicycle de la Transition, ancienne Assemblée nationale était bondé. En plus des huit candidats et des 135 conseillers qui officient dans ce Parlement provisoire se pressaient de nombreuses personnalités dont des diplomates, des responsables de partis politiques et de la société civile  Il était quasiment 13 heures lorsque le coup d’envoi des élections a été donné par Lea Koyassoum Doumta, présidente intérimaire du CNT  (Conseil national de Transition).

 A l’issue du premier tour, aucun des candidats n’a obtenu la majorité absolue (65 voix) : Catherine Panza-Samba (64 voix) et Désiré Kolingba Zanga (48 voix) doivent s’affronter une seconde fois. Et c’est Catherine Panza Samba qui s’est imposée avec 75 voix, son adversaire n’ayant obtenu que 53 voix sur les 128 voix exprimées. Catherine Panza Samba est la première femme en Centrafrique avoir accédé à cette haute fonction politique, mais aussi en Afrique centrale après sa compatriote Elisabeth Domitien. Cette dernière décédée en 2005 avait été nommée premier ministre de la République centrafricaine sous la présidence de Jean-Bedel Bokassa en juin 1974. Une véritable révolution dans la politique centrafricaine.

Qui est Catherine Panza-Samba ?
Pour Jeune Afrique, « De père camerounais et de mère centrafricaine (Sud-Est), Catherine Samba Panza est née à Ndjamena, au Tchad, le 26 juin 1956. Elle grandit à Bangui avant d’entamer des études de droit en France. Elle obtient plusieurs diplômes à Paris : une licence en sciences de l’information et de la communication et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en droit des assurances obtenus à l’université de Paris II ».
 Avocate et femme d’affaires, elle mariée et mère de trois enfants. Mais à quelques jours seulement du scrutin, des voix se sont élevées pour dénoncer les racines de cette femme dont le parcours est exemplaire. Certains Centrafricains comme pour chercher des poux sur une tête rasée ont commencé à dénoncer ses origines camerounaises de par son père. Une question nouvelle présidente par intérimaire a évoqué lors de sa confession de foi devant les parlementaires lesquels sont tombés sous les charmes de ses mots et surtout de sa franchise. Jusque-là maire de Bangui, elle a œuvré dans plusieurs associations parmi lesquelles l’Association des femmes juristes de Centrafrique (AFJC).

 Le travail exemplaire et patriote des conseillers mérite d’être salué
Si la plupart des compatriotes ont applaudi ce choix, synonyme de rupture et d’espoir, c’est aux 128 Conseillers que revient le mérite. Ils ont fait preuve d’un professionnalisme aigu et surtout d’un sens élevé de patriotisme en portant leur choix sur, non seulement une femme pour la première fois dans l’histoire de la RCA, mais surtout une personne neutre ayant le sens élevé de la responsabilité. La nouvelle élue  fait l’unanimité aussi bien parmi la population que dans la classe politique.

 Un premier discours rassembleur et un appel à l’apaisement
Lors de son premier discours, la nouvelle présidente intérimaire a lancé un appel à l’apaisement à l’endroit de toutes les milices Seleka et anti-balaka, qu’elle appelle d’ailleurs « ses enfants ».  Elle a fini en ces termes son allocution : « Je veux en tant que mère, apaiser les esprits, rassembler les cœurs divisés et soulager les enfants de Centrafrique, je vous remercie »!

Mais son appel sera-t-il écouté ? Va- t- elle s’entourer d’hommes et de femmes capables de relever le défi qui est le sien notamment la restauration de la sécurité sur tout le territoire, la réorganisation de l’armée après les opérations de désarmement, la relance de l’économie, … surtout après avoir hérité d’un pays en état de décomposition avancée notamment avec les caisses de l’Etat vides, une situation humanitaire catastrophique, une absence de l’Etat sur tout le territoire. L’avenir nous permettra d’en savoir davantage, surtout qu’elle est élue pour un mandat d’une année et qu’on ne juge un maçon qu’au pied du mur.

Wait and see

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