Il était 14 h 55, heure de
Bangui, lorsque la présidente par intérim du Conseil national de
Transition a pris la parole pour proclamer les résultats définitifs du
scrutin à la présidence de la Transition. Pas moins de 8 candidats
étaient en lice pour succéder à l’ancien président Michel Djotodia,
contraint à la démission le 10 janvier 2014 à Ndjamena par ses pairs de
la CEEAC (Communauté des Etats de l’Afrique centrale) après 10 mois de
violence dans le pays. Faut-il voir dans la désignation de Catherine Samba-Panza à la présidence un symbole de la rupture et du changement ?
L’atmosphère était dense en cette
matinée du lundi 20 janvier. L’attente demeurait interminable pour de
nombreux Centrafricains qui espèrent une rupture avec les régimes
précédents qui n’ont apporté que des déceptions. Ce lundi, est un jour
nouveau pour la Centrafrique et pour tous les Centrafricains du monde
qui ont utilisé différents moyens (radio, réseaux sociaux…) pour vivre
en direct ce changement. L’hémicycle de la Transition, ancienne
Assemblée nationale était bondé. En plus des huit candidats et des 135
conseillers qui officient dans ce Parlement provisoire se pressaient de
nombreuses personnalités dont des diplomates, des responsables de partis
politiques et de la société civile Il était quasiment 13 heures
lorsque le coup d’envoi des élections a été donné par Lea Koyassoum Doumta, présidente intérimaire du CNT (Conseil national de Transition).
A l’issue du premier tour, aucun des
candidats n’a obtenu la majorité absolue (65 voix) : Catherine
Panza-Samba (64 voix) et Désiré Kolingba Zanga (48 voix) doivent
s’affronter une seconde fois. Et c’est Catherine Panza Samba qui s’est
imposée avec 75 voix, son adversaire n’ayant obtenu que 53 voix sur les
128 voix exprimées. Catherine Panza Samba est la première femme en
Centrafrique avoir accédé à cette haute fonction politique, mais aussi
en Afrique centrale après sa compatriote Elisabeth Domitien. Cette
dernière décédée en 2005 avait été nommée premier ministre de la
République centrafricaine sous la présidence de Jean-Bedel Bokassa en
juin 1974. Une véritable révolution dans la politique centrafricaine.
Qui est Catherine Panza-Samba ?
Pour Jeune Afrique, « De père camerounais et de mère centrafricaine (Sud-Est), Catherine Samba Panza est née à Ndjamena, au Tchad, le 26 juin 1956. Elle grandit à Bangui avant d’entamer des études de droit en France. Elle obtient plusieurs diplômes à Paris : une licence en sciences de l’information et de la communication et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en droit des assurances obtenus à l’université de Paris II ».
Avocate et femme d’affaires, elle
mariée et mère de trois enfants. Mais à quelques jours seulement du
scrutin, des voix se sont élevées pour dénoncer les racines de cette
femme dont le parcours est exemplaire. Certains Centrafricains comme
pour chercher des poux sur une tête rasée ont commencé à dénoncer ses
origines camerounaises de par son père. Une question nouvelle présidente
par intérimaire a évoqué lors de sa confession de foi devant les
parlementaires lesquels sont tombés sous les charmes de ses mots et
surtout de sa franchise. Jusque-là maire de Bangui, elle a œuvré dans
plusieurs associations parmi lesquelles l’Association des femmes
juristes de Centrafrique (AFJC).
Le travail exemplaire et patriote des conseillers mérite d’être salué
Si la plupart des compatriotes ont
applaudi ce choix, synonyme de rupture et d’espoir, c’est aux 128
Conseillers que revient le mérite. Ils ont fait preuve d’un
professionnalisme aigu et surtout d’un sens élevé de patriotisme en
portant leur choix sur, non seulement une femme pour la première fois
dans l’histoire de la RCA, mais surtout une personne neutre ayant le
sens élevé de la responsabilité. La nouvelle élue fait l’unanimité
aussi bien parmi la population que dans la classe politique.
Un premier discours rassembleur et un appel à l’apaisement
Lors de son premier discours, la
nouvelle présidente intérimaire a lancé un appel à l’apaisement à
l’endroit de toutes les milices Seleka et anti-balaka, qu’elle appelle
d’ailleurs « ses enfants ». Elle a fini en ces termes son allocution :
« Je veux en tant que mère, apaiser les esprits, rassembler les cœurs
divisés et soulager les enfants de Centrafrique, je vous remercie »!
Mais son appel sera-t-il écouté ? Va- t-
elle s’entourer d’hommes et de femmes capables de relever le défi qui
est le sien notamment la restauration de la sécurité sur tout le
territoire, la réorganisation de l’armée après les opérations de
désarmement, la relance de l’économie, … surtout après avoir hérité d’un
pays en état de décomposition avancée notamment avec les caisses de
l’Etat vides, une situation humanitaire catastrophique, une absence de
l’Etat sur tout le territoire. L’avenir nous permettra d’en savoir
davantage, surtout qu’elle est élue pour un mandat d’une année et qu’on
ne juge un maçon qu’au pied du mur.
Wait and see
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